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la pensée de schopenhauer
De la raison et des concepts abstraits.

Comme de la lumière directe du soleil à la lumière d’emprunt reflétée par la lune, ainsi, de la représentation sensible, immédiate, qui existe par elle-même et se garantit elle-même, nous passons maintenant à la connaissance réfléchie, aux concepts abstraits et discursifs de la raison, lesquels tiennent tout leur contenu de cette connaissance sensible et n’ont de sens que par rapport à elle.

En dehors des représentations que nous avons examinées jusqu’ici et qui se ramènent soit au temps, à l’espace et à la matière, si nous considérons l’objet, soit à la « sensibilité pure » et à l’intellect (connaissance de la causalité), si nous considérons le sujet, il s’est développé en outre chez l’homme — et chez lui seul parmi tous les habitants de la terre — une autre faculté de connaissance, une espèce complètement nouvelle de conscience, qu’on a appelée, avec un si juste pressentiment de sa vraie nature, la réflexion. Car elle est bien en réalité un reflet, un dérivé de cette connaissance primaire qu’est la connaissance sensible, bien qu’elle en diffère essentiellement par sa nature et sa constitution, bien qu’on n’y retrouve pas les mêmes formes, et que le principe de raison, qui régit