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i. de la connaissance

me. Les concepts, en revanche, étant des représentations issues d’une abstraction, des représentations purement générales et détachées des choses particulières, ont par là-même une existence qui, pour être dans une certaine mesure objective, n’en est pas moins indépendante de toute succession de temps. Aussi, pour qu’ils puissent pénétrer dans l’actualité immédiate d’une conscience individuelle, en d’autres termes être insérés dans une succession de temps, il faut en quelque sorte qu’ils redescendent jusqu’à la nature des choses particulières et, pour cela, qu’ils soient rattachés à une représentation sensible. Cette représentation sensible, c’est le mot. Celui-ci constitue donc le signe sensible du concept et, par suite, le moyen qui permet de le fixer, c’est-à-dire de le rendre présent à la conscience liée à la forme du temps, et d’établir ainsi un lien entre la raison, dont les objets, purement généraux, ne sont que des universalia étrangers au temps et au lieu, et la conscience inséparable du temps, uniquement sensible et, en ce sens, purement animale. C’est grâce seulement à cet intermédiaire que les concepts peuvent être reproduits à volonté, c’est-à-dire conservés et rendus disponibles par