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la pensée de schopenhauer

ment le même sens que « savoir », c’est que nous identifions la notion de conscience avec la notion générale de représentation, celle-ci s’appliquant à toute espèce de connaissance. Pour la même raison nous refusons aux plantes une conscience, tout en admettant qu’elles vivent. — Savoir, c’est donc être abstraitement conscient, pour l’avoir fixé en concepts de la raison, de tout ce dont nous avons par ailleurs pris connaissance.

Le plus grand avantage du savoir, ou connaissance abstraite, c’est sa faculté d’être communiqué, fixé et conservé ; c’est par là seulement qu’il acquiert une valeur inestimable dans le domaine pratique. On peut posséder, dans l’intellect pur, une connaissance intuitive immédiate des relations causales qui relient entre eux les mouvements et les changements des corps naturels, et y trouver une complète satisfaction ; mais cette connaissance ne devient communicable qu’à la condition de se fixer en concepts. D’ailleurs, même pour la pratique, la connaissance intuitive suffit à un individu, s’il exécute tout seul une entreprise, et si celle-ci est exécutable pendant le temps où son intuition est encore vivante ; mais non pas s’il a