Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 2, 1913.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
sur la connaissance a priori

giques sur l’univers), nous devons supposer que Laplace a connu la théorie de Kant. Sans doute, avec sa science profonde de l’astronomie, il expose la théorie d’une façon plus profonde, plus frappante, et plus complète que Kant ; mais au fond, elle est déjà nettement traitée chez ce dernier, et par sa haute importance, elle suffirait seule à immortaliser son nom. Voilà une chose bien faite pour nous troubler ! Des esprits supérieurs capables d’être soupçonnés d’une indélicatesse, qui, même pour des esprits inférieurs, serait une chose honteuse ! car nous sentons bien que le vol est moins pardonnable encore chez un riche que chez un pauvre. Mais nous ne devons pas nous en taire ; nous sommes ici la postérité, et nous devons être justes comme nous espérons bien que nos descendants le seront pour nous. Aussi je veux ajouter à tous ces cas un troisième exemple, c’est que l’idée fondamentale de la Métamorphose des Plantes de Goëthe, est déjà dans la Théorie de la génération, de Gaspard Frédéric Wollf, qui date de 1764. Que dis-je ? N’en est-il pas de même du système de la gravitation ? Et cependant toute l’Europe continentale en attribue la découverte à Newton, tandis qu’en Angleterre les savants du moins savent parfaitement qu’elle appartient à Robert Hooke, qui l’exposa dès 1666, dans une communication à la Société Royale, à titre de simple hypothèse, et sans preuves, mais d’une façon très explicite. La partie essentielle en est reproduite dans Dugald Stewart (Philosophy of human mind, vol. II, p. 434) ; c’est vraisemblablement un emprunt fait aux Œuvres posthumes de R. Hooke. Sur l’origine de la question, sur la manière dont la difficulté se présente à Newton, on trouve aussi des renseignements dans la Biographie universelle, article Newton. Dans une courte histoire de l’astronomie, publiée par la Quarterly Review, août 1828, le droit de priorité de Hooke est considéré comme un fait incontestable. Pour plus de renseignements sur cette matière, je renvoie à mes Parerga, vol. II, § 86 2° édit. § 88. Quant à l’histoire de la chute de la pomme, c’est un conte fort populaire, mais dénué de fondement et d’autorité.

Sur le § 18 de la Matière. La quantité de mouvement (déjà chez Descartes, quantitas motus) est le produit de la masse par la vitesse.

Sur cette loi ne se fonde point seulement en mécanique la théorie du choc, mais aussi en statique la théorie de l’équilibre. D’après la force du choc produit par deux corps à vitesse égale, on peut déterminer le rapport de leurs masses ; ainsi, étant donnés deux marteaux qui frappent également vite, celui qui a la plus grande masse enfonce le clou plus avant dans la muraille ou fait entrer le piquet plus profondément en terre. Par exemple un marteau dont le poids est de six livres, doit avec une vitesse = 6, faire autant de