Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 3, 1909.djvu/437

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ασεβουσι εις τε την κτισιν και τον αγιον δημιουργον, τον παντοκρατορα μονον Θεον, και διδασκουσι, μη δειν παραδεχεσθαι γαμον και παιδοποιιαν, μηδε αντεισαγειν τω κοσμω δυστυχησοντας ετερους, υηδε επιχορηγειν θανατω τροφην) (ch. VI). – Dans ses accusations contre l’εγκρατεια, le père érudit ne semble guère avoir pressenti qu’aussitôt après lui le célibat s’introduirait de plus en plus dans le clergé chrétien, et finirait au XI par être élevé à la hauteur d’une loi, parce qu’il répond à l’esprit du Nouveau Testament. Cet esprit, les gnostiques mêmes l’ont pénétré plus profondément et l’ont mieux saisi que notre père, plus juif que chrétien. La conception des gnostiques apparaît très nettement au début du IXe chapitre tiré de l’Évangile des Égyptiens : αυτος ειπεν ο Σωτηρ « ηλθον καταλυσαι τα εργα της θηλειας » θηλειας μεν, της επιθυμιας εργα δε, γενεσιν και φθοραν [aiunt enim dixisse Servatorem : « Veni ad dissolvendum opera feminæ : » feminæ quidem, cupiditatis ; opera autem, genrationem et interitum]; — mais surtout dans la conclusion du xiiie chapitre et le commencement du xive. L’Église, il est vrai, devait se soucier d’établir sur ses pieds une religion capable de rester debout et de continuer sa marche, dans le monde tel qu’il est et parmi les hommes ; d’où la condamnation d’hérésie qu’il lui faut prononcer contre ces gens. — À la fin du xiiie chapitre, notre père compare l’ascétisme hindou, comme mauvais, au judaïsme chrétien, et ce rapprochement met en relief la différence fondamentale de l’esprit des deux religions. En effet, dans le judaïsme et le christianisme tout revient à l’obéissance ou à la désobéissance aux commandements de Dieu : υπακον και παρακοη, comme il nous convient à nous, ses créatures, ημιν, τοις πεπλασμενοις υπο της του παντοκρατορος βουλησεως [nobis, qui ab Omnipotentis voluntate efficti sumus] (c. xiv). — À ce premier devoir vient s’ajouter celui de λατρευειν Θεω ζωντι, de servir le Seigneur, de vanter ses œuvres, de se répandre en actions de grâces. — Le brahmanisme et le bouddhisme offrent en vérité une apparence bien différente, puisque dans le dernier toute amélioration, toute conversion, tout affranchissement à espérer de ce monde de souffrance, de ce sansara, suppose la connaissance préalable des quatre vérités fondamentales : 1, dolor ; 2, doloris ortus ; 3, doloris interitus : 4, octopartita via ad doloris sedationem . (Dammapadam, éd. Fausböll, p. 35 et 347.) On trouve le développement de ces quatre vérités dans Burnouf, Introduct. à l’hist. du bouddhisme, p. 629, et dans tous les exposés du bouddhisme.

En réalité, ce n’est pas le judaïsme, avec son παντα καλα λιαν, c’est le brahmanisme et le bouddhisme qui, par leur esprit et leur tendance morale, sont parents du christianisme. Or l’esprit et la tendance morale, et non pas les mythes dont elle les habille, voilà la partie essentielle d’une religion. C’est pourquoi je ne renonce pas