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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

Outre cela, encore, et abstraction faite de cela, les phénomènes en question sont, en tout cas, une réfutation de fait et tout à fait certaine non seulement du matérialisme, mais même du naturalisme, tel que je l’ai caractérisé, au chapitre xvii du tome II de mon principal ouvrage, comme n’étant que la physique installée sur le trône de la métaphysique. Ces faits, en effet, nous montrent, dans l’ordre de la nature, que les deux susdites philosophies prétendent être l’ordre absolu et unique, un ordre purement phénoménal et conséquemment simplement superficiel, auquel l’essence même des choses en soi, indépendante des lois de cet ordre, sert de fondement. Mais les phénomènes en question sont, tout au moins considérés du point de vue philosophique, entre tous les faits que nous offre le champ entier de l’expérience, sans comparaison les plus importants ; c’est pour cela qu’il est de toute rigueur pour un savant d’en prendre une connaissance suffisante.

Pour faciliter cet examen, nous ferons la remarque suivante, plus générale encore. La croyance aux esprits est innée au cœur de l’homme : on la rencontre à toutes les époques et dans tous les pays, et peut-être n’y a-t-il pas d’homme qui en soit totalement affranchi.