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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/110

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l’espace vide ! (Centralblatt du 24 octobre 1857).

Espérons que nous sommes au temps où la conception juive de la nature, du moins en ce qui concerne les animaux, touche à sa fin en Europe, et que l’on reconnaîtra et honorera l’essence éternelle qui vit dans tous les animaux comme en nous-mêmes. Il faut être obtus des cinq sens ou complètement chloroformé par l’esprit judaïque, pour ne pas voir que l’animal est dans son essence absolument ce que nous sommes, et que la différence gît seulement dans l’accidence l’intellect, et non dans la substance : la volonté. Le monde n’est pas un bousillage, ni les animaux une fabrication à notre usage. Cette façon de voir devrait rester bornée aux synagogues et aux auditoires philosophiques, qui au fond ne diffèrent pas tant. La constatation que nous venons de faire, par contre, nous donne la véritable règle à suivre dans le traitement des animaux. Je conseille aux fanatiques et aux prêtres de ne pas trop nous contredire à ce sujet ; car, cette fois, nous n’avons pas seulement pour nous la vérité, mais aussi la morale[1].

Le plus grand bienfait des chemins de fer est d’empêcher des millions de chevaux de trait de mener une déplorable existence.

Il est malheureusement vrai que l’homme poussé violemment vers le Nord, et ainsi devenu blanc, a besoin de la chair des animaux, — quoiqu’il y ait en Angleterre des végétariens ; mais alors on doit tuer

  1. Ils envoient des missionnaires aux brahmanes et aux bouddhistes, pour leur apporter la « vraie foi ». Mais quand ceux-ci apprennent de quelle façon on traite en Europe les animaux, ils éprouvent le plus profond dégoût pour les Européens et leurs doctrines religieuses.