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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/117

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zende du judaïsme, que, d’après l’Ancien Testament et d’autres autorités juives, les chérubins sont des êtres à tête de taureau sur lesquels Jéhovah chevauche (Psaume XCIX, 1 ; Bible des Septante, livre des Rois, II, chap. vi, v. 2, chapitre xxii, v. 11, IV, chap. xix, v. 15 : ὁ καθήμενος ἐπὶ τῶν Χερουβίμ). Semblables animaux, à moitié taureau, à moitié homme, à moitié lion, se trouvent représentés dans les sculptures de Persépolis, avant tout dans les statues assyriennes trouvées à Mossoul et à Nimroud ; il y a même à Vienne une pierre taillée qui représente Ormazd chevauchant sur un de ces chérubins à tête de bœuf. On trouvera les détails dans les Wiener Jahrbücher der Litteratur, compte rendu des voyages en Perse, septembre 1833. J. G. Rhode a, de son côté, longuement exposé cette origine dans son livre : Die heilige Sage des Zendvolks (La tradition sacrée du peuple zend).

    loch, etc., et embrassé à Babylone, après la victoire des Perses, la religion de Zoroastre, suivaient maintenant le culte d’Ormazd, sous le nom de Jéhovah. Ceci est peut-être l’explication de la faveur, inexplicable autrement, que, d’après Esdras, leur témoignèrent Cyrus et Darius, qui firent relever leurs temples. On s’explique ainsi que Cyrus adore le Dieu d’Israël, ce qui, autrement, serait absurde. (Esdras, livre I, chap. ii, verset 3, Bible des Septante.) Tous les livres antérieurs de l’Ancien Testament ont été composés plus tard, c’est-à-dire après la captivité de Babylone, ou du moins la doctrine relative à Jéhovah y a été introduite postérieurement. Esdras nous apprend d’ailleurs à connaître le judaïsme par son côté le plus honteux (livre I, chap. viii et ix). Ici le peuple élu agit d’après le modèle révoltant et pervers de son père Abraham ; de même que celui-ci avait chassé Agar avec Ismaël, on chasse, elles et leurs enfants, les femmes qui avaient épousé des Juifs pendant la captivité de Babylone, parce qu’elles ne sont pas de race juive. On a peine à s’imaginer une conduite aussi infâme. Mais qui sait si l’on n’a pas inventé cette gredinerie d’Abraham, pour ménager la gredinerie beaucoup plus colossale du peuple entier ?