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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/122

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according to the Gloss of Cullúca, chap. xii, 124, trad. par William Jones).

Une ressemblance toute extérieure et fortuite du bouddhisme avec le christianisme, c’est qu’il ne domine pas dans le pays où il a pris naissance. Tous deux doivent donc dire : προφήτης ἐν τῇ ἰδίᾳ πατρίδι τιμὴν οὐκ ἔχει ou, avec les Latins : Vates in propria patria honore caret (Le prophète n’est pas honoré dans sa propre patrie).

Si l’on voulait, pour expliquer cette concordance avec les doctrines indoues, se livrer à toutes sortes de conjectures, on pourrait admettre que la mention évangélique de la fuite en Égypte a un fondement historique ; Jésus, élevé par des prêtres égyptiens dont la religion était d’origine indoue, aurait pris d’eux l’éthique de l’Inde et la notion de l’avatar, qu’il se serait ensuite efforcé d’accommoder aux dogmes juifs et de greffer sur l’ancien tronc. Un sentiment de supériorité morale et intellectuelle l’aurait enfin poussé à se regarder lui-même comme un avatar et à se nommer le fils de l’homme, pour indiquer qu’il était plus qu’un homme. On pourrait même penser que, dans la force et la pureté de sa volonté, et en vertu de la toute-puissance qui devient la prérogative naturelle de la volonté et que nous connaissons par le magnétisme animal ainsi que par les effets magiques apparentés à celui-ci, il aurait été en état, lui aussi, d’accomplir de soi-disant miracles, c’est-à-dire d’agir par l’influence métaphysique de la volonté ; et en cela aussi l’enseignement des prêtres d’Égypte lui serait venu à propos. Ces miracles auraient ensuite grossi et accrû la tradition ; car, pour ce qui est de miracles véritables, ce seraient des démentis que