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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/144

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Que la plupart des hommes préfèrent une volonté sans raison à une contrainte sans raison, la chose est assez étrange. Elle peut venir de ce que chaque cause est pénétrable en soi et pour soi, mais non chaque motif. Celui qui agit peut le dissimuler. Alors on lui prête en secret un motif caché.

On ne peut concilier les deux partis qu’en montrant que volonté et causalité, liberté et nature sont une seule et même chose. Ma nouvelle doctrine indiquera la route, en montrant que le corps est l’objet devenu volonté ; et cependant la volonté en soi est soumise à la loi de la motivation, comme le corps à celle de la causalité. De même qu’il y a une volonté, il y a un corps ; et de même qu’il y a motivation, il y a en même temps causalité.

Le mot « Dieu » m’est si antipathique, parce qu’il transporte en chaque cas au dehors ce qui gît au dedans. En conséquence, pourrait-on dire, la différence entre le théisme et l’athéisme est vaste. Mais il en est plutôt ainsi : « Dieu » est essentiellement un objet, et non le sujet. Sitôt donc que Dieu est posé, je ne suis rien.

Si l’on affirme l’identité du subjectif et de l’objectif, on peut affirmer aussi l’identité du théisme et de l’athéisme. Sans doute, tous les contraires sont relatifs, et l’on peut s’élever de chacun à un point de vue général où le contraire disparaît. Mais cela n’avance à rien.

Rien n’est plus propre à démontrer la monstruosité et toute l’absurdité du théisme, que le tableau qu’en