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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/161

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lui seul, en tout cas une diversion, et qu’alors se résoudrait un problème qui l’a si souvent occupé, il est probable qu’il lui adviendrait ce qui advient à celui qui, au moment de trouver ce qu’il cherche, voit s’éteindre sa lanterne[1].

Car, dans la mort, la conscience périt assurément, mais nullement ce qui l’avait produite jusque-là. La conscience repose immédiatement sur l’intellect, mais celui-ci repose sur un processus physiologique. Ce processus est manifestement le fonctionnement du cerveau, et il a par conséquent pour condition la coopération des systèmes nerveux et cellulaire, mais plus directement le cerveau, qui est nourri, animé et continuellement agité par le cœur. C’est par la construction artistique et mystérieuse du cerveau, tel que l’anatomie le décrit, mais que la physiologie ne le comprend pas, que le phénomène du monde objectif et le rouage de nos pensées s’effectuent. Une conscience individuelle, c’est-à-dire une conscience proprement dite, ne peut se concevoir chez un être incorporel, puisque la connaissance — condition de toute conscience — est nécessairement une fonction du cerveau, pour la raison que l’intellect se manifeste objectivement comme cerveau. L’intellect apparaissant donc, physiologiquement, c’est-à-dire dans la réalité empirique, dans le phénomène, comme une chose secondaire, comme un résultat du processus vital, il est secondaire psychologiquement aussi par

  1. Pour nous, la mort est et reste une chose négative : la cessation de la vie. Mais elle doit avoir aussi un côté positif, qui cependant nous reste caché, parce que notre intellect est absolument incapable de le saisir. Aussi reconnaissons-nous bien ce que nous perdons par la mort, mais non ce que nous gagnons par elle.