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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/171

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Philalèthe (à part) : — de la charlatanerie philosophique allemande —

Thrasymaque. — par toute une succession de grands hommes, en particulier par le grand Schleiermacher[1] et le géant intellectuel Hegel, ou plutôt tellement mûrie, qu’elle a rejeté toutes ces choses et ne les connaît plus. Ainsi, que veux-tu dire par là ?

Philalèthe. — La connaissance transcendante est celle qui, procédant en dehors de toute possibilité de l’expérience, s’efforce de déterminer l’essence des choses telles qu’elles sont en elles-mêmes. La connaissance immanente, par contre, est celle qui reste dans les limites de la possibilité de l’expérience, et ne peut par conséquent parler que de phénomènes. Toi, comme individu, tu finis à ta mort. Mais l’individu n’est pas ta véritable et ultime essence, c’est plutôt une simple manifestation de celle-ci ; ce n’est pas la chose en soi-même, c’est seulement son phénomène, qui se manifeste dans la forme du temps, et a par conséquent un commencement et une fin. Au contraire, ton essence en ellemême ne connaît ni temps, ni commencement, ni fin, ni les limites d’une individualité donnée ; aussi ne peut-

    qu’il ne manque pas de railler chaque fois que l’occasion s’en offre à lui. (Le trad.)

  1. Célèbre prédicateur, le théologien de l’école romantique, traducteur de Platon. Sa foi était très éclairée et excessivement large, et il voyait avant tout dans le christianisme « un guide de la vie », « une règle de perfectionnement », et dans les dogmes les différentes étapes de la conscience religieuse de l’humanité. Il définissait la religion « une musique intérieure qui accompagne l’homme dans toutes les manifestations de sa vie ». Né à Breslau en 1768, il mourut à Berlin, pasteur de l’église de la Trinité, en 1834. (Le trad.)