l’oxygène pur ; il a besoin d’une addition de 4/5 d’azote. Pour parler sans images, le sens profond et le but élevé de la vie ne peuvent être révélés et présentés au peuple que sous forme symbolique ; il est en effet incapable de les saisir dans leur vraie signification. La philosophie, par contre, doit être comme les mystères d’Éleusis : la chose du petit nombre, des élus.
Philalèthe. — Je comprends très bien il s’agit de déguiser la vérité sous le voile du mensonge ; mais celle-là conclut ainsi une alliance qui lui est fatale. Quelle arme dangereuse est mise alors entre les mains de ceux qu’on autorise à employer la fausseté comme véhicule de la vérité ! S’il en est ainsi, je crains que la fausseté ne soit plus nuisible que la vérité ne sera profitable. Si l’allégorie se donnait pour ce qu’elle est, cela pourrait aller ; mais elle perdrait ainsi tout droit au respect, et en même temps toute efficacité. Elle doit donc s’affirmer vraie au sens propre, tandis qu’elle est vraie tout au plus au sens allégorique. En cela réside le mal incurable et permanent par suite duquel la religion est toujours entrée en conflit avec l’effort désintéressé et noble vers la pure vérité, et y entrera toujours.
Démophèle. — Mais non. On a eu soin de parer aussi à ce danger. Si la religion ne peut avouer directement sa nature allégorique, elle l’indique néanmoins suffisamment.
Philalèthe. — Comment cela ?
Démophèle. — Dans ses mystères. « Mystère » n’est même au fond que le terme technique remplaçant « allégorie religieuse ». Toutes les religions ont leurs mystères. En réalité, un mystère est un dogme ouvertement