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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/83

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américaines, les nègres, les juifs, les hérétiques, etc.

Mais je vais peut-être trop loin en disant toutes les religions. Je dois ajouter en effet, pour rendre hommage à la vérité, que les horreurs fanatiques perpétrées au nom de la religion ne sont imputables en réalité qu’aux adhérents des religions monothéistes, c’est-à-dire au judaïsme et à ses deux branches, le christianisme et l’islamisme. Il n’est question de rien de semblable chez les Indous et les bouddhistes. Nous savons pourtant que le bouddhisme fut, vers le ve siècle de notre ère, évincé par les brahmanes de son pays originel, la péninsule la plus avancée de l’Inde, d’où il se répandit sur toute l’Asie ; et cependant, autant que je sache, on ne nous a pas transmis à ce sujet d’informations certaines de violences, de guerres et de cruautés. Sans doute, cela peut provenir de l’obscurité qui enveloppe l’histoire de ces pays ; mais il nous est toutefois permis d’espérer que les adhérents du brahmanisme se sont abstenus en général de verser le sang et de commettre n’importe quelle cruauté ; nous en trouvons un garant dans le caractère excessivement doux de cette religion, qui ne cesse de prêcher la pitié envers toute chose vivante, comme dans le fait que, par suite du système des castes, elle n’admet à vrai dire aucun prosélyte. Spencer Hardy, dans son excellent livre sur l’Eastern Monachism (Le monachisme oriental), vante l’extraordinaire tolérance des bouddhistes et affirme que les annales de leur culte fournissent moins d’exemples de persécution religieuse que celles d’aucune autre religion[1]. En fait, l’intolérance n’est essen-

  1. « Les prêtres de Bouddha manifestent peu d’hostilité envers