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réveille, stimule. L’effet est bizarre : le corps s’échauffe cependant que les extrémités se refroidissent, se glacent. D’un côté la chaleur s’accroît, de l’autre le froid. D’où le plaisir factice.

En injection, l’effet est plus foudroyant : à peine échauffé, le corps se gèle, l’anesthésie s’étend rapidement, c’est l’apparence de la mort.

Voyez, plutôt, ces notes :

L’Éther offre un grand avantage : pour dix sous par jour, chez n’importe quel pharmacien et sans ordonnance, on en voit la farce. Il offre un grand désavantage : son odeur tenace que des odorats exercés perçoivent encore quatre jours après son absorption, et qui fait que partout où entre l’éthéromane l’on s’écrie : « Ce que ça pue ! » L’Éther aspiré donne à rêvasser à la façon du tabac d’Orient ; il endort paresseusement le corps et l’esprit, d’une manière infiniment douce, comme le murmure monotone de la mer sur la grève ; il conduit la pensée sur des sentiers nouveaux, fleuris, charmants, qui vont s’élargissant, faisant comprendre l’étroitesse des conventions sociales, conseillant le pardon, l’oubli des injures, causant des remords peu cruels, évoquant les heures