exquises du Passé, ainsi que le mélancolique
coucher du soleil qui apaise les haines et
les colères… Jamais un éthéromane ne sera
un être dangereux, il fuira peut-être le
monde, éclairé, dégoûté : il n’attaquera pas.
L’Éther n’est pas un amant ennuyeux, on ne
s’y habitue pas, on peut le quitter du jour
au lendemain, sans regret, sans inconvénient
physique. Il calme les sens, éteint
l’amour grossier, matériel, le mue en une
suave idylle spirituelle.
La Morphine est une maîtresse qu’on quitte moins facilement, elle, s’attache à qui l’aime, elle cramponne. Comme Satan, elle consent à se donner, mais elle veut qu’on se donne à elle, elle exige un pacte, le pacte du sang dans lequel elle demeure une fois introduite. Le morphinomane n’est plus son maître, il ne jouit plus du libre-arbitre, il est l’esclave de la morphine ; il abrège courses, visites, travaux, ayant hâte de rentrer chez lui où sa maîtresse impatiente l’attend, il pense sans cesse à elle, n’appartient qu’à elle, ne dépend que d’elle. L’engourdissement par la morphine diffère sensiblement de l’engourdissement par l’éther : il s’empare plus rapidement du corps et de l’esprit, descend entre eux et le monde un rideau, un brouillard qui trouble les choses, les efface, qui étouffe les