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L’on peut aller, par jour, jusqu’à cinq ou six grammes de chlorydrate de morphine avec un ou deux de cocaïne et sept à huit milligrammes de strychnine ! Ajoutez le chloral ! Mais, aussi, quel état moral et physique ! Le teint est jaune, le dos se voûte, la démarche s’alanguit. L’esprit est nul. Plus d’énergie, plus de volonté puisqu’on est l’esclave d’une drogue ! La notion du bien et du mal n’existe plus. Le morphinomane est généralement kleptomane.

C’est le mensonge personnifié : on le pince en flagrant délit de piqûre : il nie !

Et, pourtant, il se découvre facilement en vertu du principe connu qui veut que les gens atteints d’un vice cherchent à le donner ou à en donner un analogue à ceux qui les approchent, soit inconsciemment, parce que cela leur semble naturel, charitable même que ceux-ci éprouvent leurs jouissances, soit par calcul parce que ceux-ci n’auraient plus le droit de le leur reprocher.

Le morphinomane est un « professeur de mal ». Non content d’en subir l’attirance au point de s’en rendre esclave, il prétend l’enseigner. Il y goûte, d’abord, comme au fruit défendu, uniquement parce qu’il est défendu, parce qu’on le déconseille, parce