qu’il le sait nuisible à la santé et à l’esprit.
Puis, il s’en fait le complice, lui rabat ses
parents, ses amis. Il aime le mal pour son
vertige. Peut-être, aussi, s’excuse-t-il à ses
propres yeux en voyant ses proches y tremper.
La morphine elle-même ne le tente pas ;
c’est la voix de la raison qui l’entraîne en lui
disant : « N’y va pas, tu cours à ta ruine,
à ta mort ! » Plus elle le lui crie, plus il
s’approche ; dilettante pervers, par curiosité,
par défi à l’opinion, par bravade.
Tous les morphinomanes commencent par jouer la comédie, ils prennent des airs mystérieux, supérieurs, s’enorgueillissent de la morphine qu’ils s’injectent. Ils ne le crient pas sur les toits, mais ils le donnent à entendre, se laissent plaindre, posent pour les gens malades, neurasthéniques, demandent à entrer dans une maison de santé pour guérir leur tare qu’ils disent inguérissable, affectent de se traîner lamentablement, persuadés, bien entendu, qu’ils se portent comme vous et moi, et qu’ils abandonneront la drogue le jour où ils le voudront.
Malheureusement, ce jour-là, ils ne le peuvent plus, il s’aperçoivent qu’ils sont les dupes de la comédie, qu’ils sont pris à leur propre piège.