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inquiétant, on se demande d’où vient l’argent : ils n’exercent aucun métier, et ils sortent toujours des louis de leur poche.

Et ces femmes ! voyez le vice ! Le jeu, l’alcool, l’éther, la morphine, l’amour, tout ça est gravé sur leur physionomie. Les initiés connaissent chaque stigmate : la pupille rétrécie, le teint jaune, morphine ; la peau vallonnée, éther ; l’œil hagard, alcool ; le front barré d’une grande ride, jeu. Il y a des maisons de santé pour les alcooliques, les éthéromanes, pourquoi n’y en a-t-il pas pour les joueurs ? On interdit les fumeries d’opium, et l’on tolère les casinos ; pourquoi ? Les joueurs sont de pauvres êtres auxquels il suffit de redonner un peu d’énergie, un peu de volonté pour qu’ils retrouvent une autre mentalité, pour qu’ils redeviennent des hommes capables de comprendre qu’on peut gagner de l’argent en travaillant.

Regardez donc, là, qui dîne, derrière ce bouquet de fleurs, cette vieille femme : a-t-elle, quelque part, des enfants ? a-t-elle eu un mari, un amant ? quel âge a-t-elle sous le fard, sous la poudre de riz ? soixante-cinq ans, environ. Elle porte une perruque. Elle arbore un chapeau de jeune femme. Ses doigts sont couverts de bagues. Elle réfléchit,