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insensible au bruit de vaisselle, au bruit des conversations, elle mange machinalement. Elle a dû perdre hier, et elle prépare le coup savant : donnera-t-elle le coup de trois, jouera-t-elle la passe à la ponte ?

Et dire que ce pourrait être une grand-mère… Et ce n’est qu’une pauvre vieille isolée, une joueuse ! Après tout, peut-être vient-elle demander au jeu l’oubli d’amours déçues, de drames intimes, de désespérances anciennes, d’enfants perdus…

… Ce soir-là, Baumbest avait lâché son propre tripot, et était allé se « refaire » dans un autre. Il était acculé.

Il prit la banque.

En trois coups il sauta.

Il la remit.

Maintenant, il jouait machinalement, sans calculs, tirant au hasard, ne prenant pas garde aux différents points du tableau, ne cherchant pas à deviner à l’air des pontes quelles cartes il venait de donner, il ne pensait même plus que les jetons représentaient de l’argent, il ne voyait plus la figure anxieuse des gens assis autour de la table ni les gestes secs du croupier.