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Les noms sont sur toutes les bouches ; pas même besoin d’initiales.

Toujours pour faire comme leurs Maîtres, il s’essayent à l’opium, à la morphine, au simple pernod. Ils se détraquent l’esprit. Après tout, ça leur donnera peut-être du talent. Leurs maîtres avaient commencé par le talent. Fumerie ou fumisterie d’opium ?

… Cela me rappelle une anecdote, dont je garantis l’authenticité.

Moréas, poète, méprisait profondément les journalistes. Seulement, il les recherchait pour la réclame qu’ils pouvaient lui faire. Et il ne méprisait pas la réclame !

Un jour, il pénètre dans le café Tortoni, aperçoit Aurélien Scholl, lui tend dédaigneusement un doigt.

— Où voulez-vous que je le mette ? fait l’autre.

… Hélas ! l’on ne vit pas d’eau claire et de méchante poésie ! Écouter telle sonate de Beethoven, fumer de l’opium, admirer Rodin, s’affirmer cubiste, applaudir chez Lugné-Poë, vanter Jean Lorrain, aller à Bayreuth, prendre même des fraises à l’éther ne nourrit pas son homme.