Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/248

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Les Noces d’Arz


Nous étions arrivés, mon cheval et moi, à la pointe extrême qui plonge, sous Bader, dans la mer du Morbihan. Ma bête huma l’air salé, allongea le cou et se mit à arracher les rares bruyères qui poussent dans les fentes des rochers. Au-dessous de nous, le tertre s’abaissait en langue effilée jusqu’au ras de l’eau. Je mis pied à terre, et, menant mon cheval par la figure, je cherchai une cabane pour l’attacher. Un maigre enclos où végétaient quelques herbes rongées se dessinait un peu plus bas, avec une cahute boîteuse ; je nouai mes rênes à un anneau rouillé et je poussai la porte, dont le loquet pendillait. Une vieille vêtue de noir se leva d’un lit à bahut où elle était à demi étendue. Quand je voulus lui parler, elle me fit signe qu’elle était sourde et muette. Elle me