Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/274

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Crève-cœur


Comme il passait, son pantalon « à la bénard » s’épatant sur le trottoir, le foulard rouge et jaune serré d’un coulant, la casquette à raies d’aplomb sur les « guiches, » on voyait bien que c’était une « terreur » pour les hommes, et pour les femmes un « crève-cœur. » Son balancement sur les hanches était provocateur, et ses yeux noirs allongés vers les tempes avaient des lueurs tentantes. Les mains, ballantes sur les côtés, plates et violacées, montraient que l’homme était fort lutteur. Et il le savait, car il marchait carrément, un peu penché en avant, la tête sur le côté, les yeux mi-clos, sans se soucier des coups de coude. Les femmes qui le frôlaient, près des becs de gaz, inclinant vers lui leurs faces « camouflées » sous la lueur jaune,