Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vis très bien d’un peu de riz que je mendie et de l’eau qu’on me verse dans ma calebasse. J’entretiens la pureté de mon corps. Mais la plus grande pureté réside dans l’âme. Il est écrit que le Prophète, avant sa mission, tomba profondément endormi sur le sol. Et deux hommes blancs descendirent à droite et à gauche de son corps et se tinrent là. Et l’homme blanc à gauche lui fendit la poitrine avec un couteau d’or, et en tira le cœur, d’où il exprima le sang noir. Et l’homme blanc à droite lui fendit le ventre avec un couteau d’or, et en tira les viscères qu’il purifia. Et ils remirent les entrailles en place, et dès lors le Prophète fut pur pour annoncer la foi. C’est là une pureté surhumaine qui appartient principalement aux êtres angéliques. Cependant les enfants aussi sont purs. Telle fut la pureté que désira engendrer la devineresse quand elle aperçut le rayonnement autour de la tête du père de Mohammed et qu’elle tenta de se joindre à lui. Mais le père du Prophète s’unit à sa femme Aminah, et le rayonnement disparut de son front, et la devineresse connut ainsi qu’Aminah venait de concevoir un être pur.