Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/36

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ciseaux. Mes femmes l’épilent tous les jours, et la langue rouge de la lampe lèche sa peau. Ses reins sont plus blancs que ma gorge ou que la croupe des lionnes d’ivoire sculptées sur les manches à couteaux.

Par mon âme, il a bu autant de vin dans mes cratères en une soirée que les initiées des Thesmophories pendant les trois jours de mystères. Je croyais qu’il ronflait, étendu près des cuisines, et je voulais prier les broyeurs de lui frotter les lèvres, pour le punir, avec un pilon à mortier ; il aurait expié son ivresse par l’âcre saveur de l’ail fraîchement écrasé. Mais je l’ai trouvé chancelant, les yeux troubles, tenant à la main mon miroir d’argent poli ; et ce trois fois impur, ayant volé dans mon coffret à bijoux une de mes cigales d’or, l’avait placée parmi ses cheveux enroulés. Puis, debout sur une jambe, et le corps agité par les frémissements du vin, il entourait sa cuisse du voile de gaze dont j’ai coutume de me couvrir sous ma tunique de laine blanche, quand je vais avec mes amies voir les fêtes d’Adonis.