Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/63

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tes ; mais l’or qui brûle éclaire seulement son visage et tout le reste en moi est obscur.

L’Aiguille d’or parle :

Comme je traversais sans gloire une trame de byssos, ayant été volée chez un Tyrien par un esclave noir, je fus saisie par une hétaïre parfumée. Elle me plaça dans ses cheveux et je piquai les doigts des imprudents. Aphrodite m’a instruite et a aiguisé ma pointe avec la volupté. Je suis arrivée enfin dans la coiffure de cette jeune fille, et j’ai fait frémir ses torsades. Elle bondit sous moi comme une génisse folle, et elle ne voit pas la cause de son mal. Pendant les quatre parties de la nuit, j’agite les idées dans sa tête et son cœur obéit. La flamme inquiète de la lampe fait danser des ombres qui courbent leurs bras ailés. Ainsi tumultueuses, elle aperçoit des visions rapides, et elle se précipite vers son miroir. Mais il ne lui montre que son visage tourmenté par le désir.

La Tête du pavot parle :

Je suis née aux champs souterrains, parmi des plantes dont les couleurs sont inconnues. Je sais toutes les nuances de l’obscurité ; j’ai vu les