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Page:Scientia - Vol. IX.djvu/417

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tence, d’autres assimilés ; plusieurs de leurs langues sont déjà disparues ; d’autres ne sont plus parlées que par quelques individus ; et trois langues, l’anglais, l’espagnol et le portugais (pour ne rien dire du français canadien, trop peu important et qui ne saurait se maintenir définitivement), se partagent l’Amérique entière ; les anciennes langues n’y ont plus qu’une place insignifiante à tous égards. Des faits pareils se sont produits à toutes les périodes de l’histoire : l’Italie avait, au IIème siècle av. J-C., quantité de langues distinctes : le latin n’y occupait qu’une place restreinte autour de Rome, et encore le latin de Préneste, par exemple, différait-il beaucoup de celui de Rome : ce qui était à Rome lûna « lune » se prononçait lôsna à Préneste. D’autres langues encore plus différentes du latin, mais cependant apparentées, se parlaient au Nord-Est et au Sud : l’ombrien et l’osque forment un groupe où l’on distingue du reste plusieurs parlers différents, bien qu’on n’ait de renseignements que sur un petit nombre de localités. En outre, on employait au Sud des parlers grecs les uns du type dorien, les autres du type de la koinê ionienne-attique. L’étrusque existait encore au nord de Rome, et plus au Nord le gaulois. D’autres langues plus obscures, notamment le messapien et le vénète, étaient en usage au Sud-Est et au Nord-Est ; le ligure subsistait aussi le long du golfe de Gênes ; enfin on a trouvé tout au Nord quelques inscriptions en une langue mal déterminée qui n’est peut-être aucune de celles qui viennent d’être nommées. La généralisation de l’emploi du latin a mis fin à ce morcellement linguistique.

La conquête arabe, en substituant l’arabe à l’araméen en Syrie, au copte en Égypte, au berbère dans l’Afrique mineure et à nombre de petits idiomes, a créé une vaste unité ; le copte est sorti de l’usage parlé ; l’araméen et le berbère n’existent plus qu’à l’état de parlers locaux et s’éliminent peu à peu ; déjà il ne subsiste presque plus rien de l’araméen. Or, l’araméen s’était lui-même substitué antérieurement à une série d’autres langues, notamment à l’hébréo-phénicien et à l’assyro-babylonien.

Pour que des généralisations de ce genre aient lieu, il n’est ni nécessaire ni suffisant qu’il y ait conquête. L’araméen s’est étendu sans conquête, sans domination politique, simplement parce qu’il était l’idiome de l’administration et des affaires. En