Page:Scientia - Vol. IX.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dérations. A en juger par les textes du Vème siècle av. J.-C., il y avait à ce moment autant de parlers que de cités, surtout chez les populations doriennes. Toutefois, là où la civilisation avait commencé à se développer largement, en Asie Mineure, il s’était constitué des langues communes : toute l’île de Lesbos paraît n’avoir eu qu’une seule langue écrite, celle que l’on connaît par les poètes Alcée et Sapho ; l’épopée et la poésie didactique se servent d’une langue spéciale, mélange singulier d’éolien et d’ionien, langue artificielle, mais qui sert à tous les Grecs, même hors d’Asie Mineure, comme on le voit par Hésiode ; les cités ioniennes d’Asie emploient toutes, dans leurs inscriptions-, un même ionien commun, et c’est cette langue qui ; à quelques détails près, sert aussi à la prose d’Hérodote et du dorien Hippocrate, à la poésie d’Archiloque et d’Anacréon. Les Doriens, relativement barbares, ont encore autant de langues officielles distinctes que de cités. La fondation de l’empire athénien et le puissant développement de la civilisation d’Athènes amènent ensuite la création de la prose attique, qui se substitue dans l’usage à la prose ionienne ; la ruine de l’indépendance de l’Ionie et l’arrêt du développement de sa civilisation étaient à l’ionien tout prestige ; quand la Macédoine se civilise, la cour prend pour langue l’attique, si bien qu’on ne possède pas une ligne de texte en macédonien et qu’on ne sait même pas à quel groupe de langues indo-européennes appartenait l’idiome propre des Macédoniens. Athènes pouvait dès lors perdre son influence politique ; les conquêtes d’Alexandre et la fondation de royaumes Coloniaux ont eu pour conséquence l’extension lointaine de l’attique un peu mêlé d’ionien qu’on connaît sous le nom de langue commune hellénique, de koinê. Incidemment il s’était développé, dans les régions où dominait le dialecte dorien ou les parlers très pareils du Nord-Ouest, une autre langue commune, de type différent ; en Sicile et dans les pays où ont dominé aux IIIème et IIème siècles av. J.-C. les confédérations étolienne et achéenne, il y a donc eu des langues communes différentes de la koinê ionienne-attique. Mais ces langues n’ont eu que très peu accès à la littérature. En ruinant les confédérations, la conquête romaine a pro-voqué l’anéantissement de leurs langues. Et il n’a subsisté que la grande langue de civilisation, la koinê proprement dite, qui perdait de plus en plus ses traits proprement athéniens et devenait l’idiome commun