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RASSEGNE

raient observables niais moins bien que si la Terre était rigide. Il en résulte qu’en comparant les résultats observés à la hauteur théorique des marées, on peut savoir laquelle de ces hypothèses concorde le mieux avec la réalité.

Dans ses mémoires, le professeur Darwin explique en quoi consiste la méthode de l’analyse harmonique et montre ses avantages sur les anciennes méthodes et comment elle s’y rattache. Il suppose que le mouvement d’ensemble des marées, qui est dû au changement des distances et de la configuration de la Lune et du Soleil par rapport à la Terre, se décompose en un certain nombre de composants harmoniques simples, d’une façon assez analogue à celle qui, grâce aux théorème de Fourier, permet de considérer un son musical comme la somme des termes d’une fonction harmonique complexe. Des épithètes sont données à ces marées élémentaires dont la période varie d’une demi-journée à plus de dix-neuf ans; ce sont les marées lunaire, solaire, luni- solaire, semi-diurne, elliptique, mensuelle lunaire, semi-annuelle solaire, etc., et c’est la superposition de ces marées élémentaires, avec l’amplitude propre à chacune d’elles, qui produit le mouvement résultant des eaux qui équivaut à celui qu’on observe réellement. Il envisage aussi l’élévation et l’abaissement des eaux dus aux vents plus ou moins réguliers, aux chutes de pluie, etc., qui, dans certaines régions, reviennent avec une très grande régularité en produisant ce qu’on appelle les « marées météorologiques ». Il compare les résultats de l’analyse harmonique à ceux qui sont effectivement observés en ce qui concerne l’heure et la hauteur des hautes mers et la dépression des basses mers; il y a une concordance assez satisfaisante de la théorie et de l’observation même quand on se sert pour obtenir les «  constantes de la marée » des données d’une courte série (une quinzaine de jours) d’observations horaires. Si on tient compte de l’extrême complication du phénomène et du nombre limité des « constantes de marée » utilisées on trouve une assez bonne concordance dans les tables de marées dressées pour Aden, Port- Blair, les Iles Andaman, et deux ou trois ports des Iles britanniques (Liverpool, Sunderland et West-Hartlepool). La série bihebdomadaire de Port-Blair donne un écart maximum de 0,4 heure pour le temps et de ± 0,4 pied — (0,1 mètre) pour la hauteur de la haute ou de la basse mer, ce qui, après tout, n’est pas une fraction considérable de la totalité de la durée et des hauteurs en question; mais il n’est pas douteux qu’avec une série plus longue encore on obtiendrait de meilleurs résultats. De cette comparaison générale des résultats donnés par l’observation et par la théorie, l’auteur, d’accord avec Lord Kelvin, tire cette conclusion que, telles qu’elles sont, les marées prouvent que la