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“SCIENTIA„

croûte terrestre doit avoir vraiment une rigidité au moins égale à celle de l’acier.

Dans un mémoire, tiré en parti de la deuxième édition de l’ouvrage de Thomson et Tait, intitulé Natural Philosophy (dont une édition a été révisée en grande partie par Sir G-. Darwin lui- même) V auteur essaye d’évaluer la rigidité de la Terre d’après les marées de longue période et arrive à la conclusion précitée. Nous avons déjà fait remarquer qu’on ne pourrait observer aucune marée si la Terre était comme fluide au-dessous d’une croûte relativement mince. Si elle était visqueuse ou semi-fluide ou ne pourrait observer que des vagues de courte période. Celles qui sont dues à de longs intervalles (par exemple la variation annuelle de la distance de la Lune au Soleil) disparaîtraient presque entièrement parce que la croûte terrestre céderait lentement et les mouvements ne se manifesteraient pas. Comme tout changement périodique récurrent dans la grandeur des forces de la marée produit une marée correspondante d’égale périodicité et que les marées à longue période se produisent avec la presque totalité de leur valeur théorique, il en résulte que la valeur du fléchissement ou de la viscosité de la Terre doit être insignifiante.

Laplace pensait que la théorie de l’équilibre suffisait à expliquer les oscillations de longue période ; Lord Kelvin a montré que les marées qui en résultent varieraient en grandeur et qu’elles seraient notablement diminuées par un fléchissement de la Terre solide: l’évaluation, faite par l’auteur, de l’étendue de ces marées dans plusieurs ports des Indes lui permet de trouver avec une certaine approximation le fléchissement de la Terre dû aux marées.

La première partie du premier volume se termine par des mémoires sur la théorie dynamique des marées. Quoique la théorie élémentaire conçue par Newton donne une explication générale de quelques-unes des particularités les plus saillantes du mouvement de la marée, elle n’est cependant plus du tout satisfaisante en ce qui concerne les détails; et dans quelques cas, elle donne des résultats absolument contraires à la vérité. Si la Terre était complètement recouverte d’eau et si elle ne tournait pas sur elle-même, il y aurait haute mer permanente aux points pour lesquels la Lune serait dans le plan méridien, et basse mer permanente aux points à 90 degrés de longitude est ou ouest avec ceux-ci.

Mais la surface de la Terre n’est que partiellement couverte d’eau, il y a de grandes masses continentales, et, de plus, elle tourne sur elle-même avec une vitesse de 1000 milles (1670 kilomètres) à l’heure, à l’équateur. Il en résulte que le problème n’est pas d’ordre « statique » mais d’ordre dynamique. Si la Terre était entièrement