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“SCIENTIA„

paru dans les Comptes rendus de la Royal Society (1886); l’auteur conclut de son analyse que la théorie de l’équilibre de Laplace ne convient pas à l’étude des marées à longue période (sauf pour la plus longue si elles pouvaient être décelées). Il montre qu’il n’est pas possible, de cette façon, d’avoir une évaluation quelconque de la rigidité de la Terre et que les effets du frottement tels qu’ils s’exercent, ne sont pas assez grands pour permettre que l’Océan prenne la « forme d’équilibre » de Laplace. La plus longue de toutes les marées « théoriques », due à la régression des nœuds de l’orbite lunaire pendant une période de 19 ans (par laquelle la latitude de la Lune et, par conséquent, sa distance nord ou sud de l’équateur céleste, subit un changement) est cependant trop petite pour pouvoir être décelée et est probablement masquée par une marée météorologique.

Nous arrivons maintenant à une autre série de recherches entreprises par Sir George Darwin et son frère, Horace Darwin, de la Cambridge Scientific Instrument Company, recherches suggérées par Lord Kelvin. Selon les lois de la gravitation, savoir que: tout corps de l’Univers attire tout autre corps, le Soleil attire la Terre, la Terre attire la Lune, et réciproquement la Lune attire la Terre et le Soleil, etc. La force avec laquelle la Terre attire un corps placé à sa surface est connue sous le nom de poids, ou plutôt on donne ce nom à la mesure de la tendance qu’a le corps à se diriger vers la surface de la Terre. Lorsque, par exemple, la Lune est au zénith, l’attraction qu’elle exerce sur un corps quelconque de la surface de la Terre agit dans la direction opposée à celle de la Terre et diminue légèrement le poids du corps. Les essais faits en vue de mesurer cette «  perturbation lunaire de la gravité » sont décrits dans le mémoire 13 (volume I). Les expériences ont eu lieu en 1879-1880, dans la « salle du pendule » du Cavendish Laboratory, à Cambridge. Pour éviter toute perturbation ayant pour cause le magnétisme terrestre, on a employé un pendule (cylindrique) fait de cuivre pur, et les plus grandes précautions ont été prises pour obtenir des résultats exempts de toutes les actions perturbatrices pouvant affecter des recherches aussi délicates. Toutefois, les mouvements de l’instrument étaient si irréguliers et si interrompus qu’il était impossible de savoir quelle part de ces mouvements revenait à l’action de la Lune, et quelle autre à celle des autres causes.

On trouva que la surface de la Terre était dans un état d’agitation continuel, qu’elle était sujette à de très petits « tremblements de terre » ; la sensibilité de l’appareil était telle que même les corps des observateurs, par leur poids, produisaient des déplacements qui étaient bel et bien enregistrés par l’instrument. L’action calorifique du Soleil produisait des oscillations quotidiennes excédant