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IVANHOÉ.

meunier cherchait à parer le coup, il fit glisser sa main droite jusqu’à la gauche, et d’un revers frappa son ennemi sur le côté gauche de la tête. Le meunier mesura le sol tout de son long.

— Bien fait à la yeoman ! s’écrièrent les bandits. Beau jeu ! et vive la vieille Angleterre ! Le Saxon a sauvé sa bourse et sa peau, et le meunier a trouvé son homme !

— Tu peux partir, l’ami ! dit le capitaine en se tournant vers Gurth, confirmant ainsi la voix générale, et je vais te donner deux de mes camarades, qui t’indiqueront le meilleur chemin pour regagner le pavillon de ton maître et te protéger contre les rôdeurs de ténèbres qui auraient peut-être moins de conscience que nous ; car il y en a plus d’un aux aguets par une nuit comme celle-ci. Sois discret toutefois, ajouta-t-il sévèrement ; rappelle-toi que tu as refusé de déclarer ton nom, ne demande pas le nôtre, et ne cherche pas à découvrir qui nous sommes et ce que nous faisons ; car, si tu en fais la tentative, tu trouveras une plus mauvaise fortune que tu en aies encore rencontré.

Gurth remercia le capitaine de sa courtoisie, et promit de ne pas oublier sa recommandation.

Deux des outlaws, saisissant leurs gourdins et disant à Gurth de les suivre, s’avancèrent rapidement par un sentier caché qui traversait le taillis et le terrain bouleversé qui lui était contigu. À la lisière de ce taillis, des hommes parlèrent à ces guides, et, après avoir reçu une réponse faite à l’oreille, ils se retirèrent dans le bois et les laissèrent passer sans molestation.

Cette circonstance fit croire à Gurth que non-seulement la bande était très-nombreuse, mais qu’elle avait des postes réguliers échelonnés autour du rendez-vous.

Arrivé à la plaine de bruyère, où Gurth aurait pu lui-même retrouver sa route, les voleurs le conduisirent au sommet d’une petite colline, d’où il put voir, s’étendant devant lui au clair de la lune, les palissades de la lice, les pavillons brillants construits à chaque extrémité, avec les