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L’enlèvement

de cavaliers devant la tour alarma le brigand. Comme il avait déjà donné des ordres pour que Grâce Armstrong fût rendue à ses parents, il ne lui vint pas dans l’esprit que ce fût elle qui occasionnât cette visite désagréable ; et voyant à la tête de la troupe Earnscliff, dont l’attachement pour miss Vère était un sujet de conversation dans le pays, il ne douta pas que sa délivrance ne fût l’unique objet de cette attaque contre la tour. La crainte des conséquences personnelles le força à rendre sa prisonnière, comme nous l’avons dit plus haut.

Au moment où le bruit des pas des chevaux qui emmenaient la fille d’Ellieslaw se fit entendre, son père tomba, et son domestique, jeune homme robuste, qui gagnait du terrain sur le brigand qu’il poursuivait, abandonna le combat pour venir au secours de son maître, ne doutant pas qu’il n’eût reçu une blessure mortelle. Les deux scélérats se désistèrent aussitôt de toute attaque ou défense ultérieure, et s’enfonçant dans le plus épais du bois, montèrent sur leurs chevaux et se mirent à galoper après leurs compagnons. Cependant Dixon eut la satisfaction de trouver que M. Vère, non-seulement était en vie, mais n’avait pas même été blessé. Il avait fait un trop grand effort, et avait heurté, disait-il, contre urne racine d’arbre, en voulant porter un coup trop violent à son antagoniste. Le désespoir qu’il manifesta à la disparition de sa fille fut tel que, suivant l’expression de Dixon, il aurait attendri le cœur d’une pierre ; et il fût tellement épuisé par ses sensations et les vaines recherches pour découvrir la trace des ravisseurs, qu’il s’écoula un temps considérable avant qu’il rentrât chez lui et qu’il donnât l’alarme à sa famille.

Toute sa conduite, tous ses mouvements étaient ceux d’un homme au désespoir.

« Ne me parlez donc pas, sir Frédéric », dit-il avec impatience ; « vous n’êtes pas père… c’était mon