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Le Miroir de ma Tante Marguerite

puis, je lui ai parlé, et il m’a promis très honnêtement que s’il trouvait des ossements, ou quelque monument, ils seraient soigneusement respectés et replacés : que pouvais-je demander de plus ? La première pierre qui a été trouvée porte le nom de Marguerite Bothwell, 1585 ; je l’ai fait mettre de côté, persuadée que cette découverte présage ma mort. Cette pierre ayant servi à une personne qui portait le même nom que moi, il y a deux cents ans, semble avoir été déterrée à propos pour me rendre le même service ; mes affaires terrestres sont arrangées depuis longtemps ; mais qui peut s’assurer que celles qui regardent le ciel le soient suffisamment ?

— Après tout ce que vous venez de me dire, ma tante, je devrais prendre mon chapeau et m’en aller ; et je le ferais, si je ne voyais qu’il y a un peu de superstition mêlée à votre piété. Penser à la mort est un devoir de tout temps ; mais la croire près de soi parce que l’on a trouvé une vieille pierre sépulcrale, voilà qui est déraisonner ; et vous dont le jugement et le bon sens ont été utiles à notre malheureuse famille, vous êtes la dernière personne que j’eusse soupçonnée d’une telle faiblesse.

— Je ne mériterais pas ces reproches, mon cher neveu, répliqua ma tante, si nous parlions d’un incident ordinaire dans les choses humaines. Mais j’éprouve un certain pressentiment que je ne voudrais pas rejeter, c’est un sentiment qui me sépare de ce monde et m’enchaîne à celui auquel j’appartiendrai bientôt, et quand il me conduit au bord de la tombe et m’engage à en regarder la profondeur, je n’aime pas à m’en distraire ; il occupe doucement mon imagination, et cela sans influer sur ma raison et ma conduite.

— Je vous assure, ma bonne dame, que si une autre que vous m’eût fait un pareil aveu, je l’aurais crue aussi fantasque que le ministre qui, sans défendre sa mauvaise manière de lire, préférerait son