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Le Miroir de ma Tante Marguerite

— Votre Seigneurie avait autrefois une sœur ?

— C’est vrai, monsieur, une sœur que j’aimais de toute mon âme.

— Vous aviez aussi un frère ?

— Le plus brave, le meilleur et le plus tendre des frères.

— Vous perdîtes ces êtres si chers par la faute d’un malheureux ?

— Par le crime d’un vil et barbare assassin, s’écria la dame.

— Cette réponse me suffit », répliqua le vieillard en saluant comme pour se retirer.

« Arrêtez, monsieur, je vous l’ordonne ; qui êtes-vous d’abord ? et qui ose, en ce moment et en un lieu semblable, venir me rappeler de si horribles souvenirs ? je veux le savoir.

— Je suis un homme qui ne veux faire à lady Bothwell aucune injure ; bien au contraire, je désire lui offrir une occasion d’un acte de charité que le monde pourrait trouver extraordinaire, mais que le ciel récompenserait. Hélas ! je ne la trouve pas disposée à un sacrifice tel que je pourrais le lui demander.

— Parlez donc, monsieur. Que voulez-vous dire ?

— Le misérable qui vous a fait tant de mal, répondit l’inconnu, est maintenant sur son lit de mort ; ses jours ont été des jours de douleur et ses nuits des heures d’angoisses et sans sommeil. Cependant il ne peut mourir sans que vous lui accordiez votre pardon. Sa vie a été une vie de pénitence ; mais il ne peut quitter la terre emportant avec lui votre malédiction.

— Dites-lui », répondit lady Bothwell d’un air sévère, « de demander pardon à ce Dieu qu’il a tant offensé ; il ne doit attacher aucune importance à celui d’une mortelle comme moi.

— Au contraire, milady, le vôtre serait une garantie pour celui qu’il demandera à Dieu. Rappelez-