nables, d’apaiser le Nain offensé, celui-ci resta quelque temps les yeux baissés, comme plongé dans la plus profonde méditation. Enfin Hobbie l’entendit s’écrier : « La nature ? oui, c’est effectivement la marche ordinaire de la nature. Le fort saisit et étrangle le faible ; le riche opprime et dépouille le pauvre ; celui qui est heureux, ou celui qui est assez sot pour le croire insulte à la misère de l’infortuné et lui enlève une partie de ses consolations. Va-t’en, toi qui as trouvé moyen de mettre le comble à l’affliction du plus misérable des mortels ; toi qui m’as privé de ce que je regardais presque comme une source de consolation. Retire-toi, et va jouir du bonheur dont tu comptes jouir chez toi !
— Je veux ne point sortir d’ici, dit Hobbie, à moins de vous emmener avec moi, ou qu’au moins vous me disiez que vous auriez du plaisir à assister à la noce lundi prochain. Il y aura une centaine de bons et vigoureux Elliot pour courir la brouze[1]. On n’aura jamais rien vu de pareil depuis le temps du vieux Martin de Preakin-Tower ; je pourrais vous envoyer le traîneau avec un joli poney.
— Comment, c’est à moi que vous proposez de retourner dans la société du commun des hommes ! » dit le reclus, de l’air du plus profond dédain.
« Commun ! répliqua Hobbie ; pas si commun que vous voulez bien le dire. Les Elliot sont depuis longtemps connus pour être une bonne famille.
— Va-t’en ! retire-toi ! répéta le Nain ; et puisses-tu trouver chez toi autant de mal que tu en as fait ici. Si je ne vais pas moi-même avec toi, vois si tu peux échapper à ce que mes compagnons, le courroux et la misère, auront apporté sur le seuil de ta porte avant ton arrivée.
— Ne parlez donc pas ainsi, Elshie. Vous savez
- ↑ Course à cheval qui a lieu dans une noce écossaise. A. M.