Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
Le Nain Noir

vous-même que personne n’a trop bonne opinion de votre bonté ; je n’ai plus qu’un mot à vous dire. Vous me faites entendre par vos discours que vous me souhaitez du mal, ainsi qu’aux miens ; maintenant, s’il arrivait quelque malheur à Grâce (ce qu’à Dieu ne plaise ! ou à moi, ou à mon pauvre chien) ; ou bien si je ne suis en sûreté, ou si j’éprouve quelque préjudice en ma personne, mes propriétés ou mon argent, je n’oublierai point à qui j’en serai redevable.

— Va-t’en, rustaud ! s’écria le Nain ; va-t’en chez toi, dans ta demeure, et songe à moi, lorsque tu verras ce qui est arrivé.

— Allons, allons », dit Hobbie en remontant à cheval ; « on ne gagne rien à discuter avec des gens contrefaits ; ils sont toujours tels que la nature les a faits ; mais j’ai à vous dire, voisin, que si les choses se passent autrement que bien à l’égard de Grâce Armstrong, je vous ferai une bonne peur, si seulement l’on peut trouver un baril goudronné dans les cinq paroisses ».

Il avait à peine prononcé ces paroles, qu’il s’éloigna. Elshie, après l’avoir regardé avec un sourire de mépris et d’indignation, prit une bêche et une pioche, et s’occupa à creuser une fosse pour enterrer sa chèvre favorite.

Un léger coup de sifflet et les mots : « Hist, Elshie, hist ! » vinrent l’interrompre dans cette triste occupation. Il leva les yeux et vit devant lui le bandit rouge de Westburnflat. Comme le meurtrier de Bangur, il y avait du sang sur son visage, aussi bien qu’aux molettes de ses éperons et aux flancs de son cheval.

— Eh bien ! brigand, demanda le Nain, ton affaire est-elle faite ?

— Oui, oui, n’en doutez pas, répondit le flibustier ; lorsque je monte à cheval, mes ennemis peuvent se lamenter d’avance. Ils ont eu plus de lumière que de plaisir, ce matin, à Heugh-Foot. Il y a là main-