Aller au contenu

Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lait les plus nobles chevaliers de d’Ecosse, préparez vos prisons, l’échafaud, et une tombe ignorée ! Douglas vient se livrer lui-même… Mais, écoutons ; quelle fête annonce la cloche du Monastère de Saint-François… quelle foule joyeuse se précipite dans les rues de la ville ! je vois des danses mauresques, et un cortège précédé de bannières, de cornemuses et de tambours. Je devine par ces apprêts bizarres que les bourgeois de Stirling célèbrent aujourd’hui leurs jeux (o). Jacques y assistera… ces spectacles où le bon métayer bande son arc, et où le robuste lutteur renverse son rival sur l’arène, lui plaisent tout autant que ceux où les chevaliers rompent des lances dans une noble joute. Je vais me mêler aux flots du peuple, et me rendre dans le pare du château, pour y disputer moi-même une couronne… Le roi Jacques verra si l’âge a énervé ces membres robustes, dont sa jeunesse aimait, dans des jours plus heureux, à admirer la vigueur.

XXI.

Les portes du château s’ouvrent à deux battans ; le pont-levis s’ébranle et s’abaisse avec bruit ; les pavés des rues retentissent sous les pas pressés des coursiers : c’est le roi d’Ecosse qui s’avance avec toute sa cour, au milieu des acclamations du peuple qui l’entoure. Jacques montait une haquenée blanche ; il s’inclinait sans cesse, ôtant sa toque aux dames de la ville, qui souriaient et rougissaient en éprouvant une vanité secrète : celle qui fixait ses regards avait quelques droits d’être fière ; c’était toujours la plus belle. Il félicite gravement les anciens de la cité ; il loue les costumes singuliers de chaque troupe, remercie tout haut les danseurs, sourit, et salue le peuple, qui répète avec enthousiasme : — Vive le roi des communes ! vive le roi Jacques !

Derrière le monarque sont rangés les pairs, les chevaliers et de nobles dames, dont les palefrois s’indignent du retard que la foule et la pente rapide du chemin opposent à leur marche. Au milieu de ce cortège on distinguait ais sèment des fronts tristes, sévères et chagrins ; plus d’un noble témoignait son dépit de la contrainte imposée à son orgueil, et méprisait les plaisirs vulgaires des bourgeois. Il y avait aussi de ces Chefs qui, servant d’ôtage à leurs clans, étaient à la cour dans un véritable exil, rêvaient sans cesse

    d’Ecosse ; il fut poignardé dans le château de Stirling, de la propre main de Jacques II, malgré le sauf-conduit royal qu’il avait obtenu.
    Murdac, duc d’Albanie, Duncan, comte de Lennox, son beau-père, et ses deux fils Walter et Alexandre Stuart, furent exécutés à Stirling en 1425. On les décapita sur une éminence d’où ils pouvaient voir dans le lointain le château-fort de Doune et leurs vastes domaines.