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Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/419

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à leur vieille tour, à leurs sombres forêts, à leur puissance féodale, et croyaient ne pouvoir jouer qu’un rôle honteux dans une fête que leur fierté maudissait en secret.

XXII.

Les divers cortèges se répandent dans le parc du château ; les danseurs mauresques, portant des sonnettes aux talons et une épée à la main, commencent leurs exercices : mais on applaudit surtout le vaillant Robin-Hood et toute sa bande ; le moine Tuck, avec son bâton à deux bouts et son capuchon le vieux Seathelocke, à l’air refrogné ; la belle Marion, blanche comme l’ivoire ; Scarlet, Mutch et Petit-Jean[1] : leurs cors donnent le signal, et, appellent tous les archers qui veulent prouver leur adresse.

Douglas tend un arc pesant : sa première flèche frappe droit au but ; sa seconde atteint la première, et la partage en deux. Il faut que Douglas aille recevoir de la main du roi une flèche d’argent, prix destiné au plus habile. Son œil humide interroge celui du monarque, et cherche à y lire un regard de sympathie : Jacques ne laisse voir aucune émotion ; indifférent comme s’il récompensait un archer vulgaire, il remet à Douglas la flèche d’argent.

XXIII.

Allons : qu’on vide l’arène… Les lutteurs vigoureux prennent leur place : il en est deux qui demeurent vainqueurs, et demandent avec orgueil des rivaux plus dignes d’eux. Douglas se présente : Hugues de Larbert reste estropié pour toute sa vie ; Jean d’Alloa n’a guère un meilleur sort ; ses compagnons le transportent presque sans vie à sa demeure.

Le prix de la lutte est une bague d’or, que le roi remet à Douglas ; mais ses yeux bleus sont aussi froids que les gouttes de rosée glacées par l’hiver. Douglas voudrait parler ; mais son ame trop émue le force à garder le silence. Plein d’indignation, il se range parmi les métayers, qui mettent à nu leurs bras nerveux pour lancer en l’air une barre de fer massif. Après que chacun eut signalé sa force, Douglas arrache une pierre fixée à la terre, et l’envoie à plus d’une perche au-delà du but le plus éloigné.

Les vieillards, qui se rappellent le passé, montrent encore aux

  1. La représentation de Robin Hood et de sa bande était le spectacle favori de ces fêtes populaires. Ces espèces de pièces, dans lesquelles des rois n’avaient pas dédaigné de jouer un rôle, furent prohibées en Ecosse par un statut du sixième parlement de la reine Marie. Une émeute sérieuse força les magistrats à renoncer à la répression de ceux qui continuèrent cet amusement. Robin Hood se maintint aussi contre les prédicateurs de la réforme.