Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 65.pdf/322

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––––––Et que j’ordonne en souveraine !

(Sans le vouloir, elle agite la sonnette sur laquelle elle s’appuyait. Les deux domestiques paraissent.)

LES DEUX DOMESTIQUES.
––Que veut madame ?…
MANON.
––Que veut madame ?… Rien !… laissez-moi.

(Les deux domestiques sortent. — Avec satisfaction.)

––Que veut madame ?… Rien !… laissez-moi. C’est certain,
––––Tout m’obéit… mais pour parler en reine,
–––––––Ah ! j’ai bien trop de chagrin,

(Se mettant à pleurer.)

–––––––Oui… oui !… j’ai trop de chagrin !

(Elle entend à droite une ritournelle de danse. Elle essuie vivement ses yeux.)

––––––Qu’entends-je ? O ciel !… eh ! oui… du bal
––––––L’orchestre a donné le signal !

(Courant écouter à la porte à droite.)

–––––––––Doux bruit de la danse !
–––––––––J’entends en cadence
–––––––––Que chacun s’élance…
–––––––––Le sol retentit.

(Entr’ouvrant la porte.)

–––––––––O joie enivrante !
–––––––––Leur délire augmente ;
–––––––––Et la foule ardente
–––––––––De plaisir frémit !
––––––––De ces pas pleins d’attraits
––––––––Que mon âme est émue,
––––––––Je les suis de la vue,

(Piétinant.)

––––––––Des pieds je les suivrais…

(Refermant la porte.)

––––––Mais… mais pour que je m’y hasarde,
–––––––Ah ! je l’essairais en vain !
–––––––Non, non, non ! que Dieu m’en garde,
––––––J’ai pour cela trop de chagrin,