Personne !
Tant mieux !
Et je ne conçois pas par quel hasard ils ont changé de plan.
Le hasard ! les sots y croient tous !
Il n’y a plus que cet appartement.
Le mien ! y pensez-vous ?
N’importe, entrez-y !
(Gœlher, Koller et quelques soldats se présentent à la porte de la chambre, qui s’ouvre tout-à-coup et Éric paraît.)
Scène XI.
Ô ciel !
Je me meurs !
Me voici, je suis celui que vous cherchez.
Éric Burkenstaff dans l’appartement de ma fille !
Au nombre des conjurés !
Oui, j’étais des conjurés ! (Avec force et s’avançant au milieu du théâtre.) Oui, je conspirais !
Est-il possible[1] !
Et je n’en savais rien !.
Et lui aussi !
Il sait tout ; s’il parle, je suis compromis.
(Pendant cet aparté Falkenskield a fait signe à Gœlher de se mettre à la table à gauche et d’écrire. Il se retourne alors vers Éric, qu’il interroge.
Où sont vos complices ? quels sont-ils ?
Je n’en ai pas.
C’est bien !
Ce n’est pas un lâche, celui-là.
Vous avez écrit ? (Se retournant vers Éric.) Point de complices ?… c’est impossible ; les troubles dont votre père a été aujourd’hui la cause ou le prétexte, les armes que vous portiez, prouvent un projet dont nous avions déjà la connaissance ; vous vouliez attenter à la liberté des ministres, à leurs jours peut-être ; et ce projet, vous ne pouviez l’exécuter seul.
Je n’ai rien à répondre et vous ne saurez rien de moi, sinon que je conspirais contre vous ; oui, je voulais briser le jour honteux sous lequel gémissent le roi et le Danemarck ; oui, il est parmi vous des gens indignes du pouvoir, des lâches que j’ai défiés en vain.
Je donnerai, la-dessus des explications au conseil.
Silence, Gœlher ! et puisque monsieur Éric convient qu’il était d’une conspiration…
Oui !
Il vous trompe, il vous abuse.
Non, mademoiselle : ce que je dis, je dois le dire ; je suis trop heureux de l’avouer tout haut, (avec intention et la regardant.) et de donner au parti que je sers ce dernier gage de dévouement.
C’est un homme perdu et son parti aussi[3].
Pas encore ! c’est le moment, je crois, de délivrer Burkenstaff ; maintenant qu’il s’agit de son fils, il faudra bien qu’il se montre de nouveau, et cette fois enfin…
- ↑ Christine, toujours à l’extrémité du théâtre à gauche ; Gœlher, qui passe près de la table et s’y assoit ; Falkenkield debout, qui lui dicte ; Éric au milieu et un peu sur le devant du théâtre ; Koller, Rantzau à l’extrémité à droite.
- ↑ Christine, Gœlher et Falkenskield toujours à la table ; Éric, Rantzau, Koller qui a remonté le théâtre et descend se placer à l’extrémité à droite.
- ↑ Il remonte et reste au milieu du théâtre sur le deuxième plan.
- ↑ Pendant cet aparté Falkenskield quitte la table et remonte au fond donner des ordres à Koller et aux soldats, puis il descend ainsi que Gœlher à la droite de Rantzau, au moment où celui-ci achève son aparté.
- ↑ Position des acteurs : Christine, Éric, Gœlher, Falkenskield, Rantzau. — Koller derrière eux sur le deuxième plan.