Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/89

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vous rendez pas à ses ordres… trouvez un prétexte.

MASH. Y pensez-vous ? c’est l’offenser… c’est nous perdre !

ABIG. N’importe !… cela vaut mieux…

MASH. Et pour quelle raison ?…

ABIG., avec embarras. C’est que… ce soir et à peu près à la même heure… la reine m’a chargée de vous dire qu’elle voulait vous voir, vous parler, et qu’elle vous attendrait peut-être ! ce n’est pas sûr !

MASH. Je comprends !… et alors j’irai chez la reine…

ABIG. Non, Vous n’irez pas non plus !

MASH. Et pourquoi donc ?

ABIG. Je ne puis vous l’apprendre… Prenez pitié de moi ! car je suis bien tourmentée, bien malheureuse…

MASH. Qu’est-ce que cela veut dire ?

ABIG. Écoutez-moi, Arthur… m’aimez-vous, comme je vous aime ?

MASH. Plus que ma vie…

ABIG. C’est ce que je voulais dire !… Eh bien ! quand même j’aurais l’air de nuire à votre avancement, ou à votre fortune, et quelques absurdes que vous semblent mes avis ou mes ordres, donnez-moi votre parole de les suivre sans m’en demander la raison.

MASH. Je vous le jure !

ABIG. Pour commencer, ne parlez jamais de notre mariage à la duchesse.

MASH. Vous avez raison, il vaut mieux en parler à la reine.

ABIG., vivement. Encore moins !…