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piquillo alliaga.

Celle qui n’est plus, mais qui veille sur nous. Yézid tomba à genoux.

— Tortionnaire.

— C’est-à-dire, bourreau !

— Ils appellent cela ici tortionnaire.

— On t’emploie dans la question ordinaire et extraordinaire ?

— Je m’en tire assez bien. Il est vrai que j’ai commencé depuis longtemps. J’ai fait mes études en province, au couvent d’Aïgador, à l’œuvre de la Rédemption.

— Je le sais.

— Il fallait cela avant d’exercer dans la capitale.

— Tu as encore d’autres emplois : tu reçois des messages pour le compte du grand inquisiteur.

— Qui vous a dit cela ? s’écria Acalpuco en pâlissant.

M. de Latorre vient de te remettre un billet.

— Silence ! alors.

— Tu sais que je suis discret, je te l’ai prouvé. Tu vas me donner cette lettre,

— À vous ! jamais !

— Je suis frey Luis Alliaga, confesseur du roi, et je te fais arrêter à l’instant comme coupable d’entretenir des correspondances avec un ancien valet de chambre de Sa Majesté, chassé par moi pour crime de trahison.

Acalpuco commença à trembler.

— Monseigneur Ribeira lui-même ne pourrait te sauver ; et d’ailleurs il ne le voudra pas dès qu’il apprendra par moi que tu l’as trahi autrefois pour quelques misérables réaux.

— J’ai eu tort, c’est vrai, dit le moine avec componction et repentir ; cela n’en valait pas la peine.

— Je le conçois. Mais aujourd’hui que je suis plus riche, si je t’offrais mieux ?

— Que voulez-vous dire ?

— Que gagnes-tu au service de Ribeira ?

— Vingt-cinq ducats.

— Tu en auras cinquante de supplément si tu me sers en même temps.

— Deux maitres à la fois, c’est bien de l’ouvrage, Qu’est-ce que j’aurais à faire à votre service ?