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Page:Scribe - Théâtre, 11.djvu/539

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GUIMBARDINI.

Est une femme.

LE PRINCE, frappé.

Une femme !…

GUIMBARDINI.

C’est ça, faites donc l’étonné ! comme si vous ne le saviez pas.

LE PRINCE.

Non, je te jure. Comment ? malheureux, tu ne pouvais pas me le dire plus tôt.

GUIMBARDINI.

Est-ce que je le savais ? est-ce que j’en suis sûr encore ? est-ce que je sais moi-même qui je suis ? musicien et mari sans pouvoir être l’un ni l’autre, ayant à la fois deux états sans en exercer aucun, épris de la gloire, amant de ma femme ; et en hymen comme en musique, forcé de garder l’anonyme.

LE PRINCE.

Maladroit que tu es ! pourquoi d’abord ne pas te faire connaître à moi, à moi seul ?

GUIMBARDINI.

À vous, qui menaciez de tuer le mari de Gianetta, s’il se présentait à vos yeux ?

LE PRINCE.

Quelle folie ! et à quoi bon ? maintenant surtout que je suis lié, enchaîné à jamais… Apprends que Gianetta, par ruse, par adresse, ou plutôt par vertu vient de me marier à une autre.

GUIMBARDINI, avec joie.

Marié ! vous, mon prince ! vous êtes des nôtres !…