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Page:Scribe - Théâtre, 23.djvu/311

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Sur son épaule nue
Tombaient ses blonds cheveux,
Et de sa douce vue
Moi j’enivrais mes yeux…
Quand d’un air gracieux
Me tendant sa main blanche,
Cette fille des cieux
Près de mon lit se penche,
Disant : Ami, c’est moi
Qui recevrai la foi,
À toi seul mes amours
Pour toujours…

Et soudain disparut cette jeune immortelle.
Les nuages légers se refermaient sur elle,
Et sa voix murmurait encor… toujours…toujours !

(Regardant Tsing-Sing qui sourit.)

Ah ! cela vous fait rire,
Et vous ne pouvez croire à ce rêve charmant !
Eh bien ! voici qui semble encor plus étonnant !

Quand la nuit sombre
Ramène l’ombre
Et le sommeil,
Rêve pareil
Pour moi prolonge
Ce doux mensonge,
Et près de moi
Je la revoi !

Au rendez-vous fidèle,
Oui, vraiment ! c’est bien elle
Qui vient toutes les nuits,
Et dans l’impatience
De sa douce présence
Tous les jours je me dis :

Ô nuit, mon bien suprême !
Ô sommeil enchanteur !
Rendez-moi ce que j’aime !
Rendez-moi le bonheur !

Des heures que le sort, hélas ! m’a destinées,
Que ne puis-je à l’instant retrancher les journées ?
Oui, je voudrais, c’est là mon seul désir,
Oui, je voudrais toujours dormir !

Ô nuit, mon bien suprême !
Ô sommeil enchanteur !
Rendez-moi ce que j’aime,
Rendez-moi le bonheur !