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Page:Scribe - Théâtre, 23.djvu/346

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YANKO, effrayé.

Ah ! mon Dieu ! il appelle !

(Peki sort par la gauche et Yanko par la droite.)

Scène VI.

TAO-JIN, seule.
RÉCITATIF.

Ah ! pour un jeune cœur, triste et cruelle épreuve,
Quels tour mens que ceux d’une veuve !
Le désespoir dans l’âme et les pleurs dans les yeux,
Plus de bal, plus de fête, ah ! son sort est affreux !…

(Souriant.)

Et pourtant libre enfin d’un joug que l’on abhorre
On peut déjà penser à celui qu’on adore,
On peut rêver d’avance un plus heureux lien,
Et puis le deuil me va si bien.

Ô tourmens du veuvage.
Je saurai vous subir,
Et j’aurai le courage
De ne pas en mourir.

Allons, prenons patience,
Et les amours
Vont bientôt par leur présence
Charmer mes jours.

Ô vous que toute ma vie
J’ai révérés,
Plaisirs et coquetterie
Vous reviendrez.

Je vous revois, beaux jours que je pleurais ;
Par vous les fleurs succèdent aux cyprès.
Adieu vous dis et chagrins et regrets,
Les jours de deuil sont passés pour jamais.


Scène VII.

TAO-JIN, TSING-SING.
(Pendant la ritournelle de l’air précédent, les rideaux de la croisée du fond se déchirent, — On aperçoit en dehors le cheval de bronze sur le rocher de granit qui touche à la fenêtre, — Tsing-Sing, qui vient de descendre de cheval, s’avance en chancelant comme un homme encore tout étourdi.)