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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/58

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POUDRET.

Il n’est point mon confrère ? c’est-à-dire que vous l’élevez au-dessus de moi ; que vous proclamez la supériorité de la Titus sur la perruque.

MADEMOISELLE DESROCHES.

Ah çà, à qui en a-t-il donc ?

POUDRET.

À qui j’en ai ? Croyez-vous que la poudre m’aveugle au point de n’y pas voir ? L’ingrat ! c’est au moment où, attendri par les larmes de ma nièce, j’allais consentir à leur union ! lorsque j’allais lui donner pour dot les vingt mille francs, fruit de mes économies, et que j’ai acquis à la sueur de tant de fronts !

DESROCHES.

Ah çà, Poudret, tâchons de nous entendre.

POUDRET.

Non, monsieur, c’est fini ; puisque vous me chassez, puisque vous m’exilez, puisque me voilà devenu le Paria de la coiffure, je quitte la maison ; je ne suis plus votre locataire : j’irai me réfugier dans quelque faubourg écarté, où je pourrai, loin des hommes, exercer mon état de perruquier misanthrope.


Scène XX.

Les précédens, JUSTINE.
POUDRET, à Justine qui entre, et la prenant par la main.

Viens, Justine, viens avec moi ; abandonnons un ingrat qui oublie à la fois son maître et sa maîtresse.