Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/160

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Mais, luy dit Perinthe, ſi le Prince Mexaris vous eſpouse, vous ne la perdriez pas quand elle ſe marieroit à Andramite : vous avez raiſon, dit elle, mais c’eſt que graces aux Dieux je n’eſpouseray jamais Mexaris : & qu’ainſi j’ay lieu de croire que je quitteray bien toſt Sardis, pour m’en retourner à Claſomene. Si le Prince Abradate (adjouſta t’il, pour deſcouvrir ſes ſentimens) eſtoit plus heureux que Mexaris, il ne vous mencroit pas à Suſe, car ſes affaires n’y ſont pas en termes de cela : & je ne sçay ſi Creſus ſouffriroit qu’il allaſt demeurer à Claſomene. Quoy qu’il en ſoit, dit la Princeſſe en rougiſſant, je ne veux point qu’Andramite eſpouse Doraliſe, & je voudrois que Perinthe la vouluſt eſpouser : je ne la sçaurois trahir Madame, luy dit il en ſouspirant. Pour moy, reprit la Princeſſe, je ne puis pas comprendre qu’eſtimant Doraliſe comme vous faites ; l’aimant meſme, dittes vous, comme voſtre Sœur ; vous ne puſſiez ſi vous vouliez m’obeïr facilement : car pour Andramite, adjouſta t’elle, je me chargerois de le ſatisfaire. Comme elle diſoit cela, Doraliſe entra, qui trouvant Perinthe ſeul aupres d’elle, & s’imaginant qu’il l’eſtoit allée prier de parler pour Andramite ; au nom des Dieux Madame, dit elle à Panthée, faites moy la grace de me dire ſi je n’ay point de part à voſtre converſation ? vous y en avez tellement, repliqua la Princeſſe, que nous n’avons parlé que de vous : je m’imagine, reprit Doraliſe, que Perinthe pour vous prouver auſſi bien qu’à moy, que je n’ay pas une trop grande part à ſon cœur, vous prie peut— eſtre de me commander de conſiderer plus Andramite que je n’ay fait juſques icy : mais Madame ſi cela eſt, je vous ſuplie de le refuſer : car je ne sçache pas un homme au monde, que je n’eſpousasse pluſtost qu’Andramite. c’eſt