Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/369

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pas Mandane, puis qu’en l’eſtat où eſtoient les choſes, Creſus ne la rendroit pas : il penſa qu’il valoit mieux taſcher de chercher les voyes de rompre ſes chaines par adreſſe. De ſorte que conſiderant qu’il luy ſeroit impoſſible au lieu où elle eſtoit rien entreprendre pour ſa liberté ; il jugea qu’il valoit mieux aller à Sardis, où on la devoit conduire auſſi toſt que Creſus & le Roy de Pont ſeroient tombez d’accord de toutes leurs conditions, qui n’eſtoient pas encore reglées, quoy que cette negociation euſt touſjours duré, depuis que le Roy de Pont eſtoit arrivé à Epheſe. Car il n’y avoit pas pluſtost eſté, qu’il avoit envoyé demander Aſile & protection à Creſus : à condition que quelque Traitté qu’il pûſt faire avec Ciaxare ou aveque vous, il ne ſe parleroit jamais de rendre Mandane. Comme cette propoſition ſembloit un peu dure, parce qu’en accordant au Roy de Pont ce qu’il demandoit, c’eſtoit vouloir commencer une guerre, qui ne devoit point eſtre ſuivie de Paix, que par la ruine entiere d’un des deux Partis, n’y ayant pas aparence que Ciaxare la vouluſt jamais, ſi on ne luy rendoit la Princeſſe ſa Fille, la choſe tira fort en longueur ; juſques à ce que Creſus ayant reçeu la reſponce de l’Oracle qui luy paroiſt eſtre ſi favorable, ſe determina à accorder preciſément au Roy de Pont ce qu’il vouloit. Neantmoins, pour trouver un expedient qui ne choquaſt pas directement la juſtice ; il s’engagea à ne parler jamais dans aucun Traitté, de rendre la Princeſſe Mandane, ſans que le Roy de Pont y conſentist : ainſi apres avoir envoyé pluſieurs fois l’un vers l’autre, la choſe eſtoit preſques achevée de conclurre entre eux, quand nous fuſmes à Epheſe. Si bien qu’apres avoir pris la reſolution