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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/407

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croiray pas. Quoy Madame, luy dit il, vous refuſeriez la liberté, parce qu’elle vous eſt offerte par un Prince que vous n’aimez point ! La raiſon qui fait que je ne l’aime pas, repliqua t’elle, eſt que je croy qu’il n’a pas deſſein de me delivrer, & qu’il ne cherche qu’à me faire changer de chaines : mais priſon pour priſon, j’aime mieux eſtre avec la Princeſſe de Lydie qu’aveque vous. Pour vous teſmoigner Madame, interrompit il, que je ne veux pas vous delivrer pour moy, je n’ay qu’a vous dire que je ne veux pas vous delivrer ſeule, puis que je pretends auſſi donner la liberté à la Princeſſe Palmis : & que c’eſt par un Amant d’une fille qu’elle a aupres d’elle, qui s’apelle Cyleniſe, que j’ay intelligence dans la Citadelle où vous eſtes priſonniere. Apres cela, Madame, douterez vous de la ſincerité de mes intentions ? je douteray de tout, repliqua t’elle : car j’aime mieux douter de vos paroles, que ſi vos paroles me trompoient une ſeconde fois. Mais Orſane (me dit elle en ſe tournant vers moy) conment eſt il poſſible que vous ayez ſervy voſtre Maiſtre en une pareille occaſion ? pour moy, adjouſta t’elle, j’ay touſjours connu tant de vertu en voſtre ame, que j’aime mieux croire qu’il vous trompe, que de penſer que vous me trompiez comme luy. Madame, repliquay-je, je puis vous aſſurer que le Prince Mazare n’a autre intention que celle qu’il vous dit : Ha Orſane, s’eſcria t’elle, vous eſtes moins ſage que moy, ſi vous croyez ce que vous dittes ! En verité (dit Maneſie parlant à la Princeſſe) il me ſemble puis qu’Orſane parle comme il fait, qu’il faudroit adjouſter foy à ſes paroles : car enfin il n’eſt pas amoureux, & par conſequent il eſt plus croyable que le Prince Mazare. Pour vous teſmoigner (interrompit mon Maiſtre,